Mbolo à tous!
En lisant les réactions de notre soeur, qui comme le dit mon frère Adzizon, a initié ce débat, on sent qu'elle dit des choses avec passion. ce qui suppose qu'elle parle avec le coeur, qu'elle raconte des expériences vécues, des faits qui l'ont marqué, etc. On ne peut le lui reprocher.
Mais, comme les autres frèrs et soeurs l'ont si bien souligné, on est justement ici pour se retrouver. On est sur ce forum pour créer de nouveaux ponts entre nous. Et c'est tellement beau de pouvoir partager, profiter du contact avec les autres. On finit par grandir forcément. On progresse assurément!
En tout cas, c'est mon cas, et je suis bien placé pour en parler. Même si je n'affiche pas une certaine régularité sur le site, compte tenu de mon instabilité professionnelle, j'avoue que le contact avec ce site, depuis lors, a bouleversé ma vie: au sens propre, comme au figuré.
primo, après une année de recherche sur le terrain pour mon sujet de thèse, j'ai accepté, l'an dernier, de changer la thématique de mon travail, avec l'accord de mon directeur, pour travailler sur les Fangs.
C'est le moins que je puisse faire présentement pour apporter ma part d'obole à la construction de l'édifice. C'est en lisant et en apprenant des autres sur ce site, que j'ai décidé de m'engager pour les miens aussi.
C'est donc du concret, au regard des recherches fournies, et des résultats que je compte publier. Je tire un coup de chapeau à tous ceux qui se donnent la peine de discuter ici, de raconter leurs expériences, quoique personnelles, mais expériences tout de même, parce que humaines et donc dignes d'intérêt.
Notre soeur doit donc comprendre que, c'est bien parce qu'il existe des différences entre nous Fang aujourd'hui, c'est bien parce que notre "être" fangoide se problématise en terme de vrai ou de faux; c'est bien parce que plus rien ne nous est donné ni acquis, tout est à construire que naît l'intérêt de notre apport sur ce site.
Nous essayons de construire un "aba" virtuel, véritable forum de rencontre, comme jadis avec nos parents, afin d'organiser notre vie sociale.
Comme l'écrivait un romancier noir américain, pour le paraphraser:
Nous sommes perdus et isolés au milieu de gratte-ciel
comme autrefois nos grands-parents au milieu des palmiers géants en afrique
Nous sommes sommes seuls. C'est la nuit. Et nous avons peur.
Peut-être pas au même titre que les Noirs-américains, mais peur tout de même, du devenir de notre ayon. car, si les choses continuent ainsi, qu'adviendrait-il pour les générations futures? les non-encore-nés?
L'histoire particulière des Fang, il ne faut pas le perdre de vue, s'inscrit malheureusement dans la grande histoire de l'annhilation anthropologique de l'homme Noir par le Blanc. Histoire au cours de laquelle, on a ligué le Noir contre lui-même. On a parlé aussi jadis du vrai Noir, du type soudanais, qu'on opposait aux autres types de Noir, etc...
On a même opposé le Noir contre sa culture, ses traditions. En lui apprenant que l'adoption de la culture du blanc et de ses succédanés, était symbole de progrés et de modernité. Aujourd'hui, on déplore en Afrique que l'élite soit coupée de la masse.
Bref, avec les travaux de Cheikh Anta Diop, et des autres, on peut être fier de nous aujourd'hui, revendiquer nos origines, renvoyer la queue entre les jambes, les africanistes, comme Georges Balandier qui écrit que les Fangs, en affirmant provenir de l'Egypte, se donnent une origine noble qu'ils n'ont pas"
Qu'entend-t-il par origine noble? Et d'ailleurs, où est son problème à propos? On ne peut plus se laisser conter notre histoire par d'autres. Laisser que d'autres nous disent qui sont les vrais et les faux Fang (ce probléme est né pendant la colonisation francaise: diviser pour mieux régner. C'est un vieux stratagème).
Pourquoi aujourd'hui, le Gabon et le Cameroun, par exemple, n'arrivent pas pleinement à jouer leur rôle dans la sous-région, pour le bien des différents peuples? Penses-tu en toute logique que Bongo (paix à son âme) devait être le successeur du président Mba? Quel était sa mission? L'avenir nous le dira certainement.
Aujourd'hui, des masques comme ceux de Senghor tombe grotesquement. pendant 20 ans, il a empêché, en tant que président du Sénégal, Cheikh Anta Diop d'enseigner à l'université de Dakar. Voilà un physicien, historien, egyptologue, linguiste, philosophe, anthropologue; un des génies que le continent n'ait jusqu'alors jamais connu, qui sera mâté, emprissonné, brimé, muselé par son propre frére africain, intellectuel de surcroît et soi-disant "pére de la Négritude". Et son seul crime à lui Cheikh Anta Diop: reconcilier le Noir avec son histoire, avec lui-même.
L'histoire finalement, ne retient toujours que le nom des victimes. Heureusement!
On est donc dans ce site pour se re-construire d'abord et construire ensuite le monde qu'on veut pour nous et nos enfants. mais pour cela, il faut se donner la peine d'apprendre des autres.
C'est une oeuvre collective.
Mbolo à tous!