une question? cette histoire d'argent!!!

Mbolo!

Nouvelle venue sur ce site, et fang de guinee equat. vivant en france, je parcours ce site à la recherche de ma culture perdue....
et je dois vous dire qu'une chose m'etonne assez: il s'agit de la place que prend l'argent dans divers aspects de la culture fang!

par exemple, en ce dimanche matin, je viens de parcourir l'article sur le mariage (et d'autres discussions du forum) et j'exagère à peine en disant que tout se regle par l'argent ou je me trompe?!
pour moi ça denature, aliène cette ceremonie!

syncretisme...syncretisme...pourquoi prendre chez l'autre les travers?...dommage!

qu'en pensez vous?

Mbolo,

Je vois que cette façon d'introduire des sommes d'argent importantes modifient notre culture en mal.
Aussi, ça nous dévalorise. Parce que épousé une femme Fang, cela demande beaucoup de sous . Imaginons une personne qui n'en a pas assez .

La dot de nos jours a transformé 'Goné Fang' en une marchandise, pire à une chose capable d'enrichir une famille en un temps record .

Je suis un peu perdu dans tout ça .

Abora.

Tout à fait d'accord avec vous. En prendre conscience et y réfléchir me semble déjà bien. Car je sais que beaucoup ne se rendent pas compte du mal que ces pratiques, entrées subtilement dans les us, font à nos valeurs ancestrales. Ossu! Dites tout!

Mbolani

A kal dzam tu fait bien d'introduire ce sujet.
Je suis tout à fait d'accord avec votre point de vue sur la question. Mais pour ma part je crois que le principe de la dot reste valable. La question est de savoir quel est le role de l'argent dans la societe? Vous me direz simplement faciliter les echanges. Son role ne se limite plus à cela car au lieu d'etre un simplement moyen de faciliter les echanges, l'argent est devenu un pouvoir. Un pouvoir de domonation et de soumission des autres. Celui qui a de l'argent se croit tout permi. Dans la société d'aujourd'hui tout lui est permi. Le capitalisme aidant tout le monde cherche a posseder ce pourvoir en utilisant souvent tous les moyens.
Le mariage chez les fang n'echappe pas à cette realité. les relations humaines aujourd'hui sont basées sur le miang. Il suffit que l'on soit plus riche que son grand frere, pere, mere pour qu'ils ne representent plus rien. L'argent sape tout! Que voulez vous, il parait que c'est cela etre civiliser.

Ce n'est pas la dot qui est en cause ici. C'est L'Homme d'aujourd'hui. Qui ne s'interresse qu'à tout ce qui brille. La morale, on s'en tappe! Et cela est une realité présente dans tous les domaines de la vie. Et quand la morale a foutu le camp dans une societe que reste t-il? le desordre, l'arnarchie, le vice etc.
Quel est l'interret de la dot? un moyen de celebrer la joie, l'amour et la rejouissance des deux familles.
Une partie de l'argent issu de la dot permet sovent de participer à la ceremonie de rejouissance proprement dite, une autre partie concours à l'achat du materiel necessaire à l'aissance de la jeune fille dans son foyer: Batterie de cuisine, lit, matelas gazinière etc. l'autre partie sert souvent à la constitution de la dot du frere de la fille partie en mariage. il faut ajouter que dire aisance de la fille dans son foyer sous entend bien evidemment aisance de son mari. Autrement dit la dot est utilisée par les deux familles. Pour terminer, la famille de la fille participe autrement. L'orgueil fang veut que quand sa fille va en mariage qu'on ait entrepris et fait tout ce qui est possible pour qu'elle soit à l'aise dans son foyer. Ce genre de mariage est souvent pour la vie. Les deux familles travaillent chacun à son niveau avant pendant et surtout après la ceremonie pour cela.

Abora. Ma ve mine ki!

Mbolo. Ce que vous dites est vrai. Il y'a cependant un aspect qu'il convient de mettre en relief: La dot était, dans une société de "culture sans écriture", une attestation. Un contrat pour les deux familles. Une garantie aussi, aux yeux des parents de la femme que celui qui prend leur fille est un "HOMME". A l'exemple de ce qu'on lit dans la Bible: Le roi Saül dit à David: je te donne ma fille pour cent prépuces de philistins. ( les philistins étaient les ennemis du peuple; en tuer cent pour leur couper le prépuce nécessitait force et bravoure.)
La dot était aussi le symbole de la stabilité prédite au couple. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle "Nsoua Bikieñ", autrement dit: dote de fer (le fer étant alors connu comme le plus stable, le plus dur, et le plus lourd des métaux utilisé par les fang.
A l'exemple de "ébone bikièñ"... Traduction pleine d'équivoque, mais que personne ne trouvait grossière.
Enfin, les éléments de la dot ne servait pour une grande part qu'à doter. (La dot reçue pour ma soeur me servait à épouser ma femme...)

mbolo,
l'argent détruit le tissu social chez nous comme partout ailleurs. ceux ki ne le possèdent pas sont appeler à survivre: telle est notre réalité. ceci dit, je pense ke la première chose à faire est non seulement de le critiker mais aussi d'éduquer les gens. mais comment le faire lorsque les gens vivent misérablement? c'est presqu'impossible...la vraie solution dans ce cas, c'est de faire en sorte ke les gens vivent bien; et ça c'est de l'ordre des autorités politiques. ventre affamé n'a point d'oreille dit-on chez nos ancêtres les gaulois. ceux ki sont dans ce cas, et malheureusement c'est le cas de la majorité d'entre nous, ne peuvent suivre des discours théoriks, ce ki compte pour eux...c'est l'argent.
akiba

nous savons tous k'avant l'intrusion (je parle d'intrusion et non d'introduction) de l'argent chez nous, nous n'étions aussi dépourvus que ça sur ce plan. nous faisions certes beaucoup plus du troc mais nous avions déjà kelke chose ki représentait la valeur argent et ki était le nerf de la guerre de cette époque: ékiègn, le fer. celui ki avait une grosse quantité de fer était un homme heureux car puissant, il était.
alors cela m'emmène à me poser une question: avec le fer, est-ce ke notre société n'aurait pas évolué naturellement vers les mêmes effets pervers et nocifs ke l'on reproche aujourd'hui à l'argent?
akiba

Notre problème à ce niveau, c'est le "Grand Ecart" que nous nous imposons entre le fait traditionnel et la modernité. Cela nous conduit à une perte de repères néfaste.
Si je reviens à l'exemple du fer, je remarque que sa possession et toute son exploitation était régi par des codes: Code d'honneur, code initiatique... Tous y étaient soumis. Riches comme pauvres.
Et il en était ainsi de tout ce qui dans la société avait rang de valeur. Ainsi, la probité, l'exellence, l'intégrité, étaient préservées. Ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui.

mbolo,
ma bere wo viok tâ'â ndwane, obele.
akiba

adzidzon a écrit:

mbolo,
ma bere wo viok tâ'â ndwane, obele.
akiba

Oh la la! Quelle transcription!!! ça se lit et se comprend si facilement!!!
Mâh ñian'Adzidzon!

mbolo
je vais peut-être vous surprendre sur ce sujet. je ne pense pas qu'on doit condamner les sommes actuellement sollicitées pour ce qui est de la dôt par exemple. il y a certes certaines personne qui en abusent mais c'est la société qui est ainsi faite. parlons de la dôt. avez vous posé la question à nos parents combien ils ont déboursé pour épouser nos mères? à cette époque les sommes mises en jeu étaient aussi élevées par rapport aux moyens dont ils disposaient. quel était le salire moyen dans les années 60? savez vous qu'il y a des dôts qui dépassaient 100.000 frs CFa? cette somme pourrait être l'équivalement du million d'aujourd'hui. dans l'article dont parle Silvia, il est aussi signaler que plus la dôt sera élevée plus nombreux seront les cadeaux que la famille de la femme remet à celle de l'homme. on ne peut pas encore parler de manchandisation de la femme fang tant qu'il y a cet échange au moment de la remise de la dôt. la femme est synonyme de richesse chez les Fang et le symbôle de la richesse aujourd'hui c'est l'argent. nous devons donc accepter que la dôt soit aussi importante. ce que je n'accepte pas c'est quand on exige une somme minimale. je pense qu'on procédait avant par consensus et qu'on regardait aussi la pôche du beau fils. il est normal que quelqu'un qui gagne des millions remttent des millions. on doit par contre travailler à ce que la dôt soit bien adapté au porte feuille du prétendant. il faut aussi savoir que quand on aime on ne compte pas. je vous invite à regarder le film Shaka Zoulou pour voir que la dôt peut atteindre des proportions importantes en fonction de la fille à épouser.
je reviendrai.

je suis assez d'accord avec toi...il faut regarder la bourse de chacun!
mais , justement pourquoi la bourse?

mbolo,
alors pourkoi la bourse? demandait Silvia...mais peut-être parce ke c'est ce ki dirige le monde depuis toujours. peut-être...
akiba

mbolo
je vais aller dans le même sens qu'adzidzon. je pense que la femme est une richesse inestimable qui ne vaut pas les millions de francs de dôt qu'on peut débourser. la bourse est le symbole de la richesse comme certains autres objets l'ont été à un moment. j'ai parlé du Shaka Zoulou dans ma première intervention. c'était pour montrer qu'à leur époque la richesse était symbolisée par le nombre de vaches qu'on avait. plus une femme était importante plus il fallait plus de vaches pour sa dôt. le mariage chez les Fang à mon avis est aussi un échange de richesse et la dôt permet tout simplement de montrer toute sa détermination à vouloir de telle ou telle femme. nous devons tout simplement limiter les dérives que l'on rencontre d'ailleurs dans toute société pour permettre au plus grand nombre de vivre en couple. commençons donc par dédramatiser les sommes qui constituent la dôt de nos jours. adaptons le montant de la dôt à la bourse (richesse) de chacun. la dôt ne doit pas être un frein au mariage mais un engagement, un signe de la détermination à vouloir une femme. vive la dôt.

Mbolani,

A mon avis, les femmes Fang sont transmées à des objets, livrés au plus offrant.

ékéé, moi le pauvre petit soldat sans galons, je vais faire comment pour épouser une femme Fang ke j'aime et ki m'aime?

Ah, "miang"....

Meca.

mbolo
c'est pour que les pauvres makayas comme nous espèrent un jour avoir une femme fang que nous devons sensibiliser nos frères et soeurs sur la nécessité d'adapter la dot au porte monnaie du prétendant. il y a des abus mais je dois aussi vous informer qu'il existe des familles qui ont divisé la dôt qui leur avait été proposée par deux voire par trois ou quatre et ont rendu le reste à la famille de l'homme qui demandait la main de leur fille. beaucoup de familles n'aceptent pas les dots au-delà d'une certaine somme. peut-être que c'est ce qu'il faut faire!!!!
c'est vrai a moadzan beka'metoro, miang mi mane yu nsi ntouk!!!!

Mbolo.
Le vrai drame, c'est qu'à l'époque actuelle, tout se résume à l'argent. Dans l'ancien temps, la dot ne se résumait pas cela.
Certains ont obtenu le droit de prendre leurs femmes, rien que pour avoir sauvé le clan de cette dernière d'un danger. Et ceci constituait une dot. A d'autres, les beaux-parents demandaient un acte de bravoure. A d'autres, la démonstration d'une grande sagesse. A d'autres aussi, l'argent, ou du moins ce qui en tenait lieu.

pour confirmer tes dires moadzang méhdzâ, je vais par exemple te dire ke mon grand père a eu son épouse gratis...comme tu l'explik si bien.
akiba

Mbolo.
Conclusion à mon avis, le mal, ce n'est pas tant de donner pour celle qu'on veut pour épouse, tout ce qu'on peut. Le mal, c'est l'espèce de "GUIDE TARFAIRE" en vogue actuellement. Cette espèce de surenchère débridée qui transforme la démoiselle en marchandise étiquettée. Comment faire pour revenir à la sagesse du début, bòbedzang?

méhdzâ a écrit:

Mbolo.
Conclusion à mon avis, le mal, ce n'est pas tant de donner pour celle qu'on veut pour épouse, tout ce qu'on peut. Le mal, c'est l'espèce de "GUIDE TARFAIRE" en vogue actuellement. Cette espèce de surenchère débridée qui transforme la démoiselle en marchandise étiquettée. Comment faire pour revenir à la sagesse du début, bòbedzang?

Mbolani,

Ah modzang "méhdzâ", ôkale... tsuooo, ke la sagesse revienne...

Mais nous même pouvons aussi commencer. En essayant du mieux ke l'on peut à convaincre nos proches ke cette façon de transformer la "ngonéfang" en une marchandise n'est pas du tout raisonnable. Parce ke pour des pauvres petits soldats sans galons comme nous, on ne peut plus épouser une ngonéfang, car elle coûte trop cher pour nous .

D'ailleurs, "âne bia bine befang"= c'est nous les Fangs, donc on doit se faire une auto critique.

Abora.

Mine bese mbolo,

Quelqu'un pourrait-il m'expliquer comment se passe concrètement la dot chez les fang du gabon, de guinée etc...?

Mbolo.
Je dirais que le premier acte officiel est "l'ékoulou dzang'ane". littéralement: révélation de la relation. C'est au cours de cette étape que tout doit se savoir:
Le désir de l'homme,
la volonté de la femme,
le "mot à dire" des parents,
leur conditions...
Je crois qu'il faut que je prenne le temps de tout relater en détail... Je sais qu'il existe des écrits très détaillés à ce sujet. Ok, "Pleine-Lune", m'abera zou.

ok,
ma yen nna bot bese ba yone. N'oublie pas de livrer une estimation chiffrée.

abomo ngono a écrit:

Mine bese mbolo,

Quelqu'un pourrait-il m'expliquer comment se passe concrètement la dot chez les fang du gabon, de guinée etc...?

Mbolo,

"abomo ngono", wa ya ne lang é mora yi" = tu dois lire ceci. il te suffit de lire la présentation d' "Abogo". Je pense ke c valable pr ts les fangs du Gabon.

http://www.monefang.com/mariage_fang.html

Me ka.

Akiba, j'ai bien pris connaissance du document. Effectivement, ça se passe à peu près pareil chez nous. Un détail : la fiancée doit toujours être "donnée" (akab ngone) à la tombée de la nuit. Ne me demandez pas pourquoi.
Ce qui m'intéressait surtout, c'était l'estimation chiffrée. Me bare zu.