Une question à nos spécialistes de la tradition

Faut-il croire Amélie Nothomb (écrivaine belge) : "le mot est une arme, la phrase une conquête, le dialogue une guerre" ?

MBAZO'O a écrit:

Faut-il croire Amélie Nothomb (écrivaine belge) : "le mot est une arme, la phrase une conquête, le dialogue une guerre" ?

Mbolo.
Je n'ai pas encore lu Amélie Nothomb. Mais je souscris sans réserve à cette citation. En tant que fang. En tant que chrétien. En tant qu'africain... Dans nos cercles d'échanges et de partage, nous réalisons à chaque instant combien grande est la portée des paroles. Quelle puissance est cachée dans le "verbe"! C'est bien pour cela que dans nos sociétés, n'importe qui n'est pas autorisé à se lever n'importe où, pour dire n'importe quoi. La parole est donnée par concensus à celui qui est éprouvé, et digne de la manier avec dextérité. Par elle, des conflits éclatent... ou sont évités.
Dans la société fang, lorsqu'on te dit: "parle!", c'est que le salut est proche.
Quant au "dialogue qui est une guerre", cela me rappelle ce que me racontait ce week-end un ami: depuis des années, son frère voulait célébrer le mariage civil avec sa compagne(16 ans de vie commune). Mais rencontrait toujours la résistance de sa belle-famille. Jusqu'à ce qu'il lui fut conseillé d'amener 3 sages de son clan...rencontrer 3 sages du clan de sa femme!
Et de la discussion a jaï ... l'accord tant attendu!

MBAZO'O a écrit:

Faut-il croire Amélie Nothomb (écrivaine belge) : "le mot est une arme, la phrase une conquête, le dialogue une guerre" ?

Comme miéhdza, je n'ai jamais lu un livre de cette dame qui, je le pense, doit avoir un style particulièrement intéressant. Mais malheureusement, je ne pourrai souscrire à cette citation. Et pourquoi? Parce qu'en étant catégorique, elle nous présente uniquement un aspect particulièrement belliciste du discours. Cette citation nous présente le discours comme un affrontement. Ce qui peut-être vrai, dans la mesure où le mot peut être libérateur, il peut être synonyme de conquête (souvenons-nous du désormais I have de dream de Martin Luther King Jr et de la place que cette phrase occupe dans le combat pour les droits civiques des afro-américains), mais ce que je ne partage pas dans cette citation, c'est le fait qu'elle ne laisse pas de place à la possibilité qu'il en soit autrement. Elle nie la solution alternative. Ce que je refute, c'est son aspect dogmatique, je vais même dire, en exagérant peut-être, son aspect totalitaire. Parce que justement, elle oublie aussi que du mot, de la phrase, et du dialogue, jaillit la lumière !!! Celle-ci ne peut-être arme, conquête et guerre!
akiba

Amélie Nothomb est une jeune écrivaine belge, très talentueuse, mais excentrique "sur les bords". Ce qu'elle dit m'avait un peu contrariée, et sans savoir pourquoi. Je me suis peut-être remémorer cette phrase de Mandela : "le dialogue est notre seul arme" dans l'avant-dernier chapitre (parler avec l'ennemi )de sa biographie : UN LONG CHEMIN VERS LA LIBERTE

MBAZO'O a écrit:

Amélie Nothomb est une jeune écrivaine belge, très talentueuse, mais excentrique "sur les bords". Ce qu'elle dit m'avait un peu contrariée, et sans savoir pourquoi. Je me suis peut-être remémorer cette phrase de Mandela : "le dialogue est notre seul arme" dans l'avant-dernier chapitre (parler avec l'ennemi )de sa biographie : UN LONG CHEMIN VERS LA LIBERTE

Sauf que l'expression "le dialogue est notre seul arme" est différente de "le mot est une arme, la phrase une conquête, le dialogue une guerre".

Mbolo a MBAZO'O


Ésope a dit jadis que «La langue est la meilleure et la pire des choses».

Naissance : Phrygie, 620 avant J.C. - Décès : Delphes, 560 avant J.C.

Fabuliste légendaire dont Hérodote fera un esclave affranchi qui aurait visité l'Égypte, Babylone, puis vécu à Athènes et à Delphes où les habitants l'auraient fait périr en le précipitant du haut de la roche Hyampée pour se venger de ses sarcasmes, Esope écrira environ 250 fables en prose. Aristophane les nommera Logoi.

Son maître lui a demandé de ne lui rapporter, pour un banquet, que la meilleure des nourritures et rien d’autre. Esope rapporta des langues pour être servies en entrée, en plat principal et au dessert. Les convives ont fini le repas dégoûtés. Esope expliqua qu’il a choisi la langue, car c’est la meilleure des choses, le lien de la vie civile, la clef des sciences, celle par laquelle on instruit, on persuade, on règne dans les assemblées. Le lendemain, le maître lui demanda de rapporter la pire des choses et de la servir aux mêmes invités. L’esclave ramèna de la langue, expliquant qu’elle est la pire des choses, mère de tous les conflits, nourrice des procès, source des guerres, de la calomnie et du mensonge.

Également dans la bible, dans le livre des Proverbes de Salomon, chap.15 v1-4 Il est écrit :

"Une réponse douce calme la fureur,
mais une parole dure excite la colère.
La langue des sages rend la science aimable,
et la bouche des insensés répand la folie.
les yeux de l'Eternel sont en tout lieu,
observant les méchants et les bons.
la langue douce est un arbre de vie,
Mais la langue perverse brise l'âme."

Pour résumer le tout, chez nous les Fang-Beti, on dit :

Oyem y’anou, Obaghele wô anou, amu éwô wa late é wô wa tsame.

MBAZO'O a écrit:

Faut-il croire Amélie Nothomb (écrivaine belge) : "le mot est une arme, la phrase une conquête, le dialogue une guerre" ?

je suis tenté de dire a la suite de notre écrivaine Belge que "Le mot est une arme, la phrase une conquête certes, mais le dialogue est un pas décisif vers la paix".

Les Dogons disent que: "l'image est engendrée par la parole, engendrée ici veut dire nommée"

adzidzon a écrit:

MBAZO'O a écrit:

Faut-il croire Amélie Nothomb (écrivaine belge) : "le mot est une arme, la phrase une conquête, le dialogue une guerre" ?

Comme miéhdza, je n'ai jamais lu un livre de cette dame qui, je le pense, doit avoir un style particulièrement intéressant. Mais malheureusement, je ne pourrai souscrire à cette citation. Et pourquoi? Parce qu'en étant catégorique, elle nous présente uniquement un aspect particulièrement belliciste du discours. Cette citation nous présente le discours comme un affrontement. Ce qui peut-être vrai, dans la mesure où le mot peut être libérateur, il peut être synonyme de conquête (souvenons-nous du désormais I have de dream de Martin Luther King Jr et de la place que cette phrase occupe dans le combat pour les droits civiques des afro-américains), mais ce que je ne partage pas dans cette citation, c'est le fait qu'elle ne laisse pas de place à la possibilité qu'il en soit autrement. Elle nie la solution alternative. Ce que je refute, c'est son aspect dogmatique, je vais même dire, en exagérant peut-être, son aspect totalitaire. Parce que justement, elle oublie aussi que du mot, de la phrase, et du dialogue, jaillit la lumière !!! Celle-ci ne peut-être arme, conquête et guerre!
akiba

A Adzidzon, one é dzom ba lè e be bia na nyemane mame. Nkobe yuè one sosoo.

une petite réflexion au sujet du rôle central de la parole dans la société :
http://belinga.blog4ever.com/blog/lirarticle-103485-310235.html