| | Renaissance Fang; voici un texte de Paulin Nguema-Obam | |
| | Auteur | Message |
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NYO
Nombre de messages : 111 Date d'inscription : 26/02/2009
| Sujet: Renaissance Fang; voici un texte de Paulin Nguema-Obam Lun 25 Mai - 13:29 | |
| Texte extrait des pages 120-122 de : - Citation :
Fang du Gabon: les tambours de la tradition Par Paulin Nguema-Obam Publié par KARTHALA Editions, 2005 ISBN 2845864833, 9782845864832 192 pages
Les jeunes africains des villes connaissent de moins en moins bien la langue de leurs grands-parents. Ils pourront toujours se dire africains quant à la couleur de leur peau. Mais il leur manquera toujours cette chance de pouvoir penser, se comprendre dans la langue qui, pour eux, vient du fond des âges, chargées de mystères et de sagesse. Ceux qui ont créé les arts que nous admirons s’exprimaient oralement. Et on ne peut être culturellement des leurs qu’en saisissant les nuances d’expression qui leur faisaient tantôt pousser des éclats de rire, tantôt les mettaient en colère et leur permettaient d’exprimer leurs joies, leurs peines, leurs inquiétudes. Celui qui ne connaît pas la langue de ses ancêtres est coupé de son passé et n’est jamais tout à fait lui-même. Il appartient à la catégorie de ceux que Bot Ba Njok décrit comme les « occidentaux à peau noire, coupés des réalités africaines, parlant mal leur langue, méprisant la culture de leurs ancêtres, c’est-à-dire, en réalité des Africains étrangers à l’Afrique »(36). ( Bot Ba Njok dans ‘Le passé et l’avenir des traditions africaines’, Flambeau, 1966) La tradition dont les anciens étaient les gardiens se perd. Car qui connaît encore les bases de celle-ci, à savoir les généalogies, les devises, les légendes, les grandes épopées, les plantes médicinales, les danses ? On se détourne de son passé. Les danses traditionnelles, les rites agacent ou font rire. On ne perd pas son temps à assister à une séance de mvett ou à discuter avec les anciens. Et que peuvent ceux qui parlent et écrivent en faveur de ces cultures ? Nous pouvons faire nôtre la réponse de Bot Ba Njok à cette question : - Bot Ba Njok dans ‘Le passé et l’avenir des traditions africaines’, Flambeau, 1966 a écrit:
« Pour éviter le déracinement et maintenir notre personnalité africaine nous devons donner à nos enfant cette fierté d’appartenir à une culture. Il faut qu’ils se trouvent en sécurité dans leur propre milieu africain…
Mais si nous prônons cette culture africaine sans la vivre, nous risquons de prouver par notre attitude que nos traditions sont vaines, car nous avons le devoir de réaliser le mariage entre la tradition et le présent (37). »
Il est impossible de ressusciter le passé, de faire que ce qui a été redevienne et soit porteur de la même espérance pour les générations présentes tout comme pour celles du passé. Les mentalités se transforment au contact des nouvelles structures économiques, culturelles et politiques. Certains rites survivent. Les danses qui les accompagnaient aussi. Les individus n’ont plus la force, l’adresse, la franchise et le courage des ancêtres. Il ne s’agit pas de tout sublimer. Les peuples ou les groupes humains sont forts de leurs vices et de leurs vertus, de leurs défauts et de leurs qualités. Vouloir extirper les vices et les défauts, certaines coutumes, et ne garder que les vertus et les qualités pour rendre les individus meilleurs, est une vision de l’esprit qui ne correspond point à la réalité. Ce n’est pas l’esprit humain qui fait les peuples. Ceux-ci se forgent à travers les dangers et les circonstances de la vie quotidienne. C’est là qu’apparaît leur capacité à réagir face à l’évènement. Certains en sortent petits, avec une mentalité d’esclave ; d’autres forts, indomptables. Les danses, comme le fait remarquer Awouma, perdent leur raison d’être et deviennent de simples manifestations à caractère artistique et récréatif. Certaines danses modernes par leur caractère désordonné prouvent cette fuite, cette dislocation culturelle. Pris par la même angoisse devant cette désolation, Azombo écrit : - Azombo a écrit:
« La société nouvelle est en train de passer par une crise si grave qu’elle risque de précipiter les populations pahouines dans un cataclysme spirituel sans précédent dans leur histoire.
La blessure a dû être bien profonde pour parvenir à ébranler l’équilibre d’une société autrefois si dynamique et si fortement structurée !
La question se pose à nous de savoir quelle est, finalement, l’origine de cette grave blessure. Et s’il est permis de regarder l’avenir avec quelque espoir, ce ne peut être qu’avec la volonté de travailler à faire surgir, des cendres de l’actuelle crise psychologique des populations pahouines, une société dynamique, profondément enracinée dans les valeurs traditionnelles et capables d’assimiler les valeurs du monde moderne (38). »
Les « conquérants en disponibilité », selon l’expression de G. Balandier, seraient-ils devenus à jamais incapables d’un supplément d’énergie pour se refaire culturellement ? Le Fang manque de patience. Quand il se lance dans une entreprise, il persévère si les résultats sont immédiats. Mais que ceux-ci tardent à se concrétiser, aussitôt il se laisse aller au découragement. Habitué à conquérir et à mener rapidement ses entreprises. Nos cultures ne seront plus jamais ce qu’elles ont été. Il ne s’agit pas. Comme dit Azombo, - Azombo a écrit:
-
« de recopier ce que faisaient nos ancêtres. Il ne s’agit même pas de considérer leurs procédés comme les meilleurs possibles pour leur époque.
Mais les coutumes ancestrales malgré les limites qu’elles peuvent comporter, sont susceptibles de nous apporter des suggestions salutaires en ce qui concerne l’orientation à redonner à la jeunesse et, plus particulièrement, à la masse populaire de nos jours (39) ».
Si la volonté de leur redonner vie existe, elles devront nécessairement s’adapter. Il faut leur souhaiter des sauveurs culturels. Mais a-t-on vraiment besoin d’entendre la voix, l’appel d’un guide pour se retrouver, pour se mettre en accord avec soi-même ? Les cultures ne renaissent pas miraculeusement de leurs cendres. La volonté des hommes est indispensable. Mais l’intérêt que les Africains portent aux richesses de leurs cultures est-il à la mesure des sacrifices à consentir et des efforts à fournir ?Si seulement les faits et l’avenir pouvaient apporter un démenti aux constatations quotidiennes ! 1 - Aperçu du livre : http://books.google.fr/books?id=bij4D7ZT6LEC&dq=fang+du+gabon&printsec=frontcover&source=bl&ots=aSeDmoryAp&sig=R23bbI_6jgN8dg7Lwil89I8ErRg&hl=fr&ei=IGoaSq_ID5WUjAfzjJj2DA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2#PPA124,M1 2 - Une analyse intéressante de ce livre est disponible ici :http://assr.revues.org/index6842.html - Citation :
Maixant Mebiame Zomo, « Fang du Gabon. Les tambours de la tradition », Archives de sciences sociales des religions, 138 (2007) - Varia, [En ligne], mis en ligne le 12 septembre 2007. URL : http://assr.revues.org/index6842.html.
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| | | Ndzié'nnam'abé
Nombre de messages : 387 Age : 43 Localisation : bruxelles Date d'inscription : 06/10/2008
| Sujet: Re: Renaissance Fang; voici un texte de Paulin Nguema-Obam Lun 25 Mai - 16:51 | |
| Très profonde l'analyse de Me Nti Paulin Nguema-Obam, la culture si on ne se bat pas pour qu'elle vive, si on ne s'acccroche pas pour l'empêcher de mourir, finit par disparaître et il est temps qu'on comprenne que ça ne se fera pas vraiment de soi, il faut y consacrer d'énormes efforts, un gros travail. On voit ce que ceux qui s'accrochent à leur culture sont capables de faire, ils peuvent la garder pendant des millénaires même en étant loin de leur terroir d'origine et ce même dans des milieux hostiles. Qu'on cesse de se couler tout doux, devant "l'omnipotence" de certaines culture et qu'on s'attelle à faire toujoiurs aller plus haut, plus fort, plus loin la nôtre. | |
| | | adzidzon Admin
Nombre de messages : 2852 Date d'inscription : 27/06/2006
| | | | emone mema
Nombre de messages : 604 Localisation : Rouen Date d'inscription : 19/11/2007
| Sujet: Re: Renaissance Fang; voici un texte de Paulin Nguema-Obam Ven 3 Juil - 13:09 | |
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| | | adzidzon Admin
Nombre de messages : 2852 Date d'inscription : 27/06/2006
| Sujet: Re: Renaissance Fang; voici un texte de Paulin Nguema-Obam Ven 3 Juil - 21:49 | |
| - emone mema a écrit:
- Parle pour toi , me ma wogue moadzang evome aayimi
Je savais que j'allais avoir du mal à me faire entendre... Bi wogue ki wa (Si nous t'entendions) !!! Différent de Bya wok ki wa. | |
| | | Minsili mi Ngoan Ewondo
Nombre de messages : 2259 Date d'inscription : 12/12/2007
| Sujet: Re: Renaissance Fang; voici un texte de Paulin Nguema-Obam Dim 5 Juil - 9:05 | |
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| | | emone mema
Nombre de messages : 604 Localisation : Rouen Date d'inscription : 19/11/2007
| Sujet: Re: Renaissance Fang; voici un texte de Paulin Nguema-Obam Lun 6 Juil - 16:36 | |
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| Sujet: Re: Renaissance Fang; voici un texte de Paulin Nguema-Obam | |
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| | | | Renaissance Fang; voici un texte de Paulin Nguema-Obam | |
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