le marquis de Compiègne affirmait : « C'est une belle race que la race
pahouine ; les hommes sont grands, bien faits, et ont un air d'énergie indomptable »
Edouard Trézenem reprit le cliché en 1950 : « Les Pahouins [...] ils
sont actifs et intelligents. Nous avons observé, dans la race noire, [...] sont intellectuellement de ceux qui occupent le sommet de l'échelle. Ce qui les rend
surtout dignes d'intérêt, c'est qu'ils constituent une race vierge qui, à l'exception de
l'extrême avant-garde, n'a pas encore été gâtée, démoralisée par le contact des Blancs »26.
Sur l’échelle coloniale des races, les Fang occupaient donc le degré supérieur, le degré
inférieur étant dévolu aux populations côtières supposées corrompues par le contact [...] les Fang seraient des
Blancs venus de la région des Grands Lacs, voire du Haut-Nil. Du Chaillu affirma [...] qu'ils seraient d'anciens Germains partis en
. [....]
l'exode des Fang avait été déterminé par « la marche des Musulmans vers l'Afrique
Une fois encore, les textes de plusieurs administrateurs européens, convertis en
anthropologues amateurs, vinrent à la rescousse des fantasmes missionnaires en laïcisant
la légende « hamitique » fang. [...] « ce sont les moins
bantous de tous les bantous ». [...] que chez les Fang « les esprits
des morts, tel l'Achille d'Homère, regrettent la vie et sont hostiles aux vivants ». « Les
idées religieuses des Fangs »..., [...]
Trézenem soutient encore en 1950 qu'ils représentent « la fraction la plus cohérente de la
coloniaux interprétèrent l'absence de l'esclavage parmi eux comme la preuve de leur
pureté raciale et de leur noblesse morale37. Les textes missionnaires renchérirent en
insistant sur l'idée de la « force » démographique et morale des Fang opposée à la
décadence des Africains de la côte, afin de conclure sur les grands espoirs que ce vaste
peuple, débordant de santé et d'énergie vitale, offrait à l'entreprise d'évangélisation
chrétienne38. D’autant que l’on pensait, à la lumière du mythe hamitique, que les Fang
étaient les moins « fétichistes » des peuples du Gabon et de l'Afrique équatoriale, et que
leur croyances, quasi-monothéistes, présentaient un terrain favorable à l’adoption de la
foi chrétienne.